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13 août 2020 19:26

cancer  

Bonjour,

Je viens de lire sur le site un article du Dr Isabelle Charret, s'intitulant :
"L’alimentation et l’hydratation de son proche en fin de vie"

Très bien rédigé, j'aurais toutefois souhaité savoir si vous pouviez me donner un complément d'information quant à la durée d'espérance de vie d'une personne à qui on coupe toute alimentation et hydratation (autre que par le mode perfusion).

C'est actuellement le cas depuis 3 jours pour ma maman, entrée en soins palliatifs fin juillet, pour un cancer des ovaires, incurable. Cette décision a fait suite à des nausées et vomissements systématiques, malgré les petites quantités absorbées.
Doit-on s'attendre irrémédiablement à une fin de vie imminente, ou bien peut-on espérer encore qques semaines ? J'aurais souhaité qu'elle puisse voir sa petite fille fêter ses 3 ans....

J'ai bien conscience que cela reste délicat, mais je vous remercie par avance de votre retour.

Réponses
2 messages de membres 1 message d'expert
Isabelle Charret Médecin gériatre 13 août 2020 20:40

cancer  

Bonsoir,

Votre maman est dans le cas d’une personne malade d’une maladie incurable. S’il n’y a rien à faire sur le plan des traitements curatifs pour soigner cette maladie ou en limiter l’évolution , il n’en reste pas moins des décisions thérapeutiques pour assurer le meilleur confort, la plus grande dignité, humanité dans l’accompagnement de tels grands malades en fin de vie : traitements contre la douleur, contre l’angoisse, soins de bouche , installation confortable au lit, ET arrêt de l’Alimentation et de l’Hydratation . Il y a là, matière à beaucoup entourer le malade, le soulager, évaluer et ajuster les prises en charge.

L’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation offre une mise au repos de l’arbre digestif et rénal qui apaise le malade qui vomissait, risquait les fausses routes et l’encombrement pulmonaire avec défaillance cardiaque etc : C’est une véritable prescription de confort et de qualité de fin de vie (eh ! oui), A CONDITION que les soins de bouche soient effectués régulièrement : la bouche doit être propre, sentir bon ( il y a des solutions contre les haleines des bouches en stade terminal), et ainsi ne pas apporter des difficultés supplémentaires à l’entourage ( qui ne veut plus s’approcher) et au malade auquel cela rajoute une angoisse voire des douleurs. Des substances antalgiques sont sécrétées par le corps, les endorphines.

Combien de temps ? Cela va plus dépendre du contexte d’accompagnement que de la privation de nourriture et de liquide.
La « loi de fin de vie » autorise l’utilisation de substances de soulagement à des doses efficaces lorsque le décès est inévitable. Cela sous entend que ces doses peuvent avoir des effets secondaires Forcément, les fonctions vitales vont être elles aussi impactées.
L’autre contexte est celui d’une personne qui s’accroche à la vie car elle ne se sent pas autorisée à la quitter (attachement excessif, souffrance familiale extrême, aveu non révélé, attente d’un membre de la famille…) : il faut répéter à ceux qui s’apprêtent à quitter ce monde que tout ira bien… qu’ils ont compté pour nous, que même si tout n’a pas été simple, cela ne compte plus…

Il y a des longueurs d’agonie incroyables (plusieurs semaines) avec un traitement antalgique et anxiolytique non excessifs, sans nutrition liquide ou solide car la personne est en attente. Au contraire, il y a des fins de vie rapides chez un malade non alimenté , non hydraté lorsque tout a été dit même sans doses importantes de médicaments.

Il semble que tout soit fait pour être auprès de votre maman. Les équipes médicales ont des moyens adéquates pour bien y arriver. Laissez aussi une part au « mystère » de la vie et de la mort, dont personne n’a la clé,
Bon courage

seb

seb

14 août 2020 2:00

cancer  

Merci beaucoup pour votre réponse (rapide et détaillée).

Oui, je sais qu'elle se sent inutile, qu'elle n'a plus envie de faire grand chose, et se sent un peu comme un "poids" pour moi et ma soeur. Malgré tout, et sans pour autant aller à l'acharnement, la volonté commune est de pouvoir encore être là pour l'anniversaire de sa petite fille, tout début septembre. Ensuite, je pense (du moins j'en ai la conviction), elle se laissera partir, car s'accrocher à une autre échéance deviendra plus pénible, pas seulement physiquement mais psychologiquement.

Je dois voir avec les médecins le "comment cela se passera" quand le moment sera venu de se préparer aux au revoir...
On a beau le savoir et penser y être préparé, je crois que le choc restera bien présent malgré tout.

Ce contexte, associé à la crise de la Covid, me font voir en tout cas les choses bien différemment.... sur ce qui est important, et sur le sentiment d'utilité que l'on peut avoir (envers les siens, mais également au sens large). Je ne me sentirais pas capable d'intégrer des équipes médicales, mais je les admire vraiment, pour tout ce qu'elles peuvent faire pour l'Humain, avec un grand H.

Merci encore

seb

seb

14 août 2020 2:05

cancer  

Si je peux me permettre, en ayant vu le point sur le forum également, j'ai une autre question :

En quoi consiste plus exactement le principe d'endormissement ?
Les médecins doivent-ils obligatoirement avoir l'accord de la famille ou du moins de la personne de confiance (en l’occurrence moi), ou bien peuvent-il "l'imposer" (en qque sorte) à la famille ?

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