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Bonjour Mélanie,

TOUS les problèmes ne peuvent être abordés en même temps. Trouver UN fil qui en se déroulant entrainera la résolution des autres est la clé. La conduite, le testament, la procuration, la relation avec les notaires se résoudront si le problème de fond est mieux géré.

Vous avez en face de vous deux personnes fragiles quel que soit leur vie passée : il y a l’âge, la maladie d’Alzheimer et la pathologie de l’alcool (cette dernière semblant aggravée par la première).

Votre maman est malade : elle refuse tout, mais elle a une maladie des fonctions cognitives qui empêche la compréhension d’une situation ainsi que l’élaboration d’un raisonnement logique. Vous ne précisez pas à quel stade de la maladie d’Alzheimer elle est.

Il est donc essentiel qu’elle soit évaluée par un médecin expert auprès des tribunaux (vous pouvez vous procurer aisément la liste sur Internet).

Vous verrez plus clair dans le stade de son discernement et cela vous aidera à prendre des décisions co-construites avec elle. Cela sera forcément inégal mais néanmoins respectueux.

Comment envisager un testament si elle a une atteinte sévère par exemple ? Par contre, si elle a des comportements de dépenses excessives d’argent vous pouvez tout a fait bloquer le compte à une certaine somme des dépenses ou retraits.

Votre papa exprime clairement qu’il n’en peut plus. Epuisement, dépression (l’alcool induit toujours un état dépressif en plus du reste) se manifestent entre autre par une négligence non intentionnelle (il est resté injoignable en situation d’urgence).

Votre maman refuse tout (attitude défensive de prise de pouvoir) parce qu’elle ne comprend plus tout.

Votre papa augmente sa consommation car il est dépassé et angoissé.

Il serait souhaitable d’argumenter fermement un éloignement entre vos parents, ne serait ce que pour des petites vacances. Pour votre maman, soit chez vous si vous pouvez vous organiser entre enfants, travail etc, ou en séjour de répit en EHPAD autour de chez vous. Votre papa pourrait bénéficier d’un bilan médical en service de gériatrie afin de prendre en charge cet épuisement qu’il évoque ?

Les modalités de déplacement doivent être revues. Un accompagnement SNCF est terriblement anxiogène pour une personne avec une telle maladie.

Les mots sont parfois bien utiles. Vous devez leur exprimer que vous les comprenez mais qu’il n’y a pas d’autres solutions, que cela ne durera pas mais qu’il est indispensable de faire ainsi afin d’éviter des drames.

Il est impossible de modifier une relation dysfonctionnelle qui dure depuis si longtemps, TANT que les deux parties concernées sont en présence. C’est comme une alimentation commune l’un entretenant le moteur de l’autre et réciproquement. Vous n’y êtes pour rien mais il est logique dans une relation de filiation que vous soyez non seulement concernée, mais que vous deviez (par devoir filial et humain) vous en préoccuper. Pas à n’importe quel prix cependant, en étant consciente que les solutions proposées sont loin d’un idéal rêvé.

L’expérience de gestion de cas complexes, prouve cependant souvent que cela se passe bien contrairement à ce qu’on pense !

On peut jusqu’au bout rebattre les cartes et recréer de nouveaux équilibres.

Bilan /évaluation ET co construction d’un éloignement temporaire apparaît une solution logique. Autrement, laisser se dégrader une situation jusqu’au drame (ou pas d’ailleurs …)

Ceci est un premier pas de soutien,

Bonjour Mélanie,

Vous êtes dans une situation complexe qui concerne la situation de vos deux parents et une fratrie dispersée de 3 enfants. Je vous propose des solutions juridiques qui vous aideront, car elles existent.

D’abord, ce que je répète inlassablement sur ce site, ainsi que le Docteur Charret, vous ne devez pas culpabiliser à propos d’une situation dont vous n’êtes pas responsable, ni vos parents non plus. C’est la maladie qui s’impose.

Ensuite, pour aider réellement vos parents, vous devez vous faire aider sur le plan médical et social en faisant appel aux professionnels : les médecins traitants, généraliste et spécialistes, les services sociaux de la ville, notamment le DAC (dispositif d’appui et d’accompagnement).

1/ Pourquoi assumer seule la recherche de solutions ?

Je vous proposerai une réunion de famille en présentiel pour certains et par WhatsApp pour ceux qui ne peuvent se déplacer (au cours des vacances de novembre, par exemple) pour faire le point ensemble de la situation : rencontrer les médecins, les services sociaux, les voisins, etc.) Que chaque membre de la fratrie se fasse une opinion personnelle de la situation afin d’avoir une vision réaliste.

Chacun pourra ensuite entendre les propositions des professionnels, car il ne faut pas prendre les sujets à l’envers : il n’y a pas lieu de trouver des solutions pour les faire appliquer par les professionnels, mais le contraire. Entendre les professionnels et voir avec eux ce qu’ils vous proposent sera mieux accepté par la famille.

L’intérêt d’une décision collégiale est qu’aucun enfant n’impose à l’autre son point de vue et les propositions des professionnels ont plus de chance d’être agréées et donc mises en œuvre. Les conflits autour des parents devraient pouvoir être évités par une décision consensuelle.

2/ Comme le préconise le Docteur Charret, il serait opportun de séparer ce couple qui ne fonctionne pas et dont les membres se détruisent mutuellement sans s’en rendre compte.

Mais la séparation peut n’être que physique : certains EHPAD proposent des chambres pour les couples. Les services sociaux vous aideront à trouver le lieu qui convient, à proximité de leur lieu de résidence actuelle, ou à proximité de la résidence de celui des enfants qui sera le plus disponible pour qu’ils ne soient pas trop loin l’un de l’autre.

Je ne vois pas que vous deviez prendre votre mère à votre domicile : pourquoi vous, d’ailleurs ? Ce qui ne règlera pas la situation de votre père.

Et comment imaginer que votre mère pourra voyager seule par le train ? Ce ne serait pas raisonnable. Un hébergement en établissement sera une solution pérenne.

En attendant, le médecin traitant peut sans doute envisager une hospitalisation pour celui de vos parents qui le justifie le plus, le temps de trouver une solution.

3/ Mais on va les contraindre :

Oui, mais s’ils sentent que tous leurs enfants sont d’accord pour trouver avec eux une solution conforme à leurs besoins, ils seront rassurés.

Leur état de santé ne leur permet pas d’être raisonnables et de mesurer quel est leur intérêt. Chacun des enfants a l’obligation de collaborer pour assurer leur sécurité.

L’aide aux parents est une obligation légale.

Je préconise de saisir le juge des tutelles d’une habilitation familiale pour chacun de vos parents pour prendre en main leurs affaires, mais surtout leur personne.

Il est trop tard pour des procurations, un testament (pour quoi faire ? Les régimes matrimoniaux protègent très bien le conjoint survivant). Pour rédiger des actes, il faut en être juridiquement capable, ce qui, visiblement n’est pas le cas de vos parents.

Les services sociaux vous aideront à trouver le médecin inscrit sur la liste du procureur de la République dont le certificat est nécessaire afin de déposer une requête afin d’habilitation familiale.

Je pense que vous allez devoir prendre, pas seule si possible, quelques jours de congés pour lancer ces mesures juridiques, dans le respect du bien-être et de la sécurité de vos parents, qu’ils ne sont plus en mesure d’assurer par eux-mêmes.