tatoun

tatoun

23 mai 2023 9:03

Aidant en dépression  

bonjour,

 

Je suis aidante familiale de mon époux devenu paraplégique en septembre 2018. Beaucoup d'épreuves comme vous vous en doutez . J'ai tenu le coup jusqu'à présent pour mon mari et mes enfants (8 et 12 ans à l'époque) mais depuis décembre dernier je suis en dépression et n'arrive pas à m'en sortir. Depuis bientôt 5 ans, je croît que mon mari n'a toujours pas fait son deuil, il est toujours hyper-négatif (il l'était déjà avant) et j'ai beau essayer de le tirer vers le haut, je me rend compte que c'est lui qui m'entraîne vers le bas. Il est très dur de caractère et à tendance à renvoyer balader tous le monde.... Je ne supporte plus cette situation de sacrifice alors qu'il n'essaie pas de s'en sortir (facile à dire vous me direz). Il est tellement désagréable que mes sentiments pour lui se sont fortement altéré et j'ai pensé à le quitter mais je culpabilise énormément pour lui et les enfants. Je me sens piégé. Avez-vous vécu ce genre de situation ? Avez-vous des conseils ?

Merci !

 

 

Réponses
4 messages de membres 3 messages d'experts
Isabelle Charret Médecin gériatre 24 mai 2023 11:40

Aidant en dépression  

Bonjour Tatoun,

 

Vous avez bien fait de nous rejoindre : en effet, oui, votre cas n’est pas unique, hélas ! et entre dans le cadre de ces aidants qui sont happés dans le puits sans fond de l’aide plus en plus lourde et de l’épuisement que cela entraine…

 

C’est parfaitement connu et analysé :

Une situation entrainant un besoin d’aide survient chez un proche. Dans un premier temps, on offre cette aide, sans réfléchir parce qu’humainement c’est logique…

Puis, la situation s’aggrave (pathologie évolutive sévère, non acceptation de la situation par la personne malade, trouble du comportement) et on continue de s’adapter à cette aggravation.

Et ainsi de suite …jusqu’à ce que le « fournisseur » d’aide réalise que quelque-chose ne va pas et qu’on ne peut continuer ainsi, soit que ce « fournisseur » fasse faillite et craque.

 

Pour vous, c’est le premier cas qui s’applique : vous réalisez que quoique vous fassiez, rien ne va et que surtout vous n’êtes même pas reconnue, appréciée. Il en va donc de votre existence, de votre espace vital, de votre souffle de vie même.

Vous êtes devenue adhérente, collée aux besoins de votre époux qui sont (voir le début de la réponse) un puits sans fond.

 

Vous vous dites déprimée, oui, surtout épuisée, découragée, sans ouverture vers un avenir pour vous même. Vous aurez beau prendre un traitement, l’origine ne changera pas. Que faire alors ?

 

Il est reconnu que les forces de tout un chacun se réduisent en état de sollicitation extrême ou /et de stress. La seule façon de faire c’est d’éviter qu’elles touchent le niveau zéro ou de les restaurer. Quitter votre époux ? En fantasme peut-être, mais vous en seriez meurtrie car, franchement, il est dans une situation compliquée. Changer sa vision des choses qui n’était pas positive avant serait illusoire.

Il est impérativement recommandé pour vous et vos enfants qui doivent avoir maintenant 13 et 17 ans, de prendre des moments d’excentration de cette bulle délétère. Comment ?

 

Un séjour sans lui, des moments sans lui, des moments où vous êtes quelqu’un d’autre que son aidante enfermée dans ce rôle.

Et puis, il se comportera sans doute différemment avec d’autres et au bout d compte appréciera t’il ? C’est reconnu, prouvé que pour se retrouver il faut se perdre un peu…

 

Il est souvent prise l’image du sac à dos : on part en randonnée et il semble léger, puis il s’alourdit : faute à ce qu’on met dedans ou faute à la fatigue ? Qu’importe ! Peut-on vous blâmer parce que vous vous arrêtez pour souffler ? Certainement pas !

 

Ce n’est pas si difficile à faire et tous ceux qui prennent le risque d’essayer sont ravis

Bien à vous

 

 

 

 

 

 

 

tatoun

tatoun

24 mai 2023 14:45

Aidant en dépression  

Bonjour,

Merci pour votre réponse, je me reconnaît totalement dans toutes les étapes que vous avez citées...

J'essaie justement de "m'éloigner" un peu de lui, je ne suis plus très à l'aise seule avec lui à la maison. Il me le reproche : je ne le "calcule" plus et il se sent seul. Je lui ais expliqué que j'avais besoin de me centrer sur moi et de me détacher de lui pour aller mieux... Je me suis inscrite au sport et essaie de voir plus souvent mes amies. Je lui ais déjà proposer un we seule avec les enfants, ça l'a choqué...Ma psy m'a proposé un séjour en maison de repos pour 3 semaines pour m'éloigner de lui et réfléchir...il est horrifié, pense que les enfants ne vont pas le supporter...Enfants qui d'ailleurs, ne sont pas au courant de la situation à part un peu mon ainé qui a vu que je n'allai pas très bien....Des fois, j'ai du mal a supporter sa seule présence même s'il n'est pas désagréable à ce moment là. Depuis le début de ma dépression, il m'a fait du chantage au suicide avec tous les détails morbides qui vont avec (ou, quand,comment), a laissé nonchalamment un papier sur le bureau avec des noms de foyers médicalisé et leur prix, me dit que je me "complaît" dans la dépression  et pleins d'autres choses comme cela qui fait que je le supporte finalement de moins en moins. Le handicap est lourd à gérer mais c'est finalement plus son comportement qui me dérange....

Merci à vous.

 

Isabelle Charret Médecin gériatre 25 mai 2023 9:52

Aidant en dépression  

Bonjour Tatoun,

Merci de ce retour et de toutes ces précisions.

Vous faites déjà plein de bonnes choses pour vous positionner au mieux dans votre vie! Il faut vous en féliciter sans culpabilité!

Il s'agit de retrouver un nouvel état d'équilibre dans une configuration nouvelle, changeant radicalement de l'avant. C'est passionnant et dites vous que si votre mari a une pathologie avérée, de nombreux couples ou de nombreux parents, ou de nombreux amis, ou de nombreux collègues de travail sont, au cours de leur vie, conduits à réaménager de nouveaux états d'équilibre car quelque chose ou des choses ont changé!

Mais pour bien l'envisager , la fatigue doit être gérée (réponse précédente et "sac à dos"). La fatigue déprime le fonctionnement psychique et corporel et brouille absolument tout. La prise en charge psychologique, se changer des idées, s'excentrer est formidable, mais avez vous pensé à l'aspect psycho corporel? Yoga, Qigong, Taïchi, cohérence cardiaque sont vraiment efficaces.

Que fait pour lui votre mari? a t'il des passions? des amis? Il y a des choses que l'on peut vivre en étant paraplégique même si on demande de l'aide. Est-il membre d'une association? Utilise t'il les outils numériques?

Ce qui est recommandé dans TOUS les cas de rééquilibrage de vie c'est: soi pour soi-même, l'autre pour lui-même ET soi+l'autre pour eux-mêmes. Si l'une des parties en présence est réticente, essayer, essayer toujours, avec courage : ça bouge souvent!

Quand à vos enfants, bien qu'ils en parlent peu, la situation est forcément ressentie. Eux aussi doivent recréer un état d'équilibre avec leur papa et leurs parents.

Vous voyez que c'est tout sauf être égoïste!

Vous allez y arriver

Bien à vous

 

tatoun

tatoun

25 mai 2023 11:30

Aidant en dépression  

Bonjour,

Merci beaucoup pour votre réponse, cela me permet de déculpabiliser et d'abonder dans le sens où j'essaie de faire les bonnes choses pour m'en sortir.

Mon mari a un suivi psy mais dit que ce n'est pas efficace, il refuse les antidépresseurs. Ses journées se résument à passer de la télé à l'ordinateur, il ne fait rien.....Je lui ais dit de se faire aider, d'en parler, d'aller sur des forums , de contacter une association, il n'en voit pas l'intérêt. il vient juste d'avoir son permis, il l'a fait pour moi car notre couple bat de l'aile mais dit qu'il ne voit pas en quoi cela pourrait l'aider. Il faut maintenant acheter une voiture et la faire aménagée mais il n'a pas l'air pressé. Il est persuadé que je vais le quitter...Étant moi même en détresse, je ne peux plus jouer correctement mon rôle de soutien. Il renvoie balader tout le monde : sa familles, nos amis et récemment mes parents ce qui a été le début de ma dépression....Que puis-je faire de plus pour l'aider, je ne trouve pas de solution, fera-t-il vraiment son deuil un jour car j'ai peur de craquer définitivement...

En tout cas, merci pour votre aide.

Bonne journée.

 

 

Isabelle Charret Médecin gériatre 26 mai 2023 18:07

Aidant en dépression  

Bonsoir Tatoun

Vous êtes indéniablement sur un long chemin: votre mari également. Ce sont des chemins différents puisqu ils ont de fait, bifurqué depuis le problème de santé de votre époux. Vous êtes donc sur deux chemins qui peuvent se vivre au mieux, en parallèle avec des moments de complicité, de construction; au pire, sans se rejoindre souvent, ce qui semble pour l'instant le cas. Mais vos combats et les siens ne sont pas les mêmes et ne le seront jamais. Il doit affronter et s'adapter à un handicap sévère; vous devez trouver une place acceptable à ses côtés sans épouser ce handicap qui n'est pas le vôtre...

C'est la raison pour laquelle il faut bien séparer les deux chemins afin qu'ils puissent se rejoindre lorsque chacun a marché SON bout de chemin: la  rencontre ou les retrouvailles n'en sont que meilleures.

Le malheur n'excuse pas tout et surtout pas de faire souffrir ses proches en les coupant de la source de leur vie. Ayez le courage de continuer à voir ceux qui vous sont chers. 

Il a été mentionné le travail corporel: cela s'applique à votre mari. Le handisport est formidable ! Combien de jeunes ont été fauchés dans leur vie et obligés de faire face à une vie sans bras  ni jambes: ce qu'ils font avec un corps abimé est stupéfiant ! En dehors du handisport, il y a beaucoup d'activités faisables qui obligent les personnes a sortir de leur corps dans lequel ils se sentent prisonniers. 

Tant que les fonctions cognitives sont correctes, le liste est longue. Il y a des séjours adaptés au handicap.

A vous lire, il est urgent de mettre votre peur de côté: vous faites plein de bonnes choses, vous avez du courage, vous voyez clairement qu'il faut continuer le chemin de la construction. C'est oser, mais ce sera bénéfique pour votre famille.Vous allez y arriver sans craquer...

Bien à vous

 

tatoun

tatoun

27 mai 2023 10:15

Aidant en dépression  

Bonjour,

Encore merci pour vos réponses, elles me sont précieuses.

Le handisport, ce serait génial d'autant plus qu'il était très sportif auparavant mais il dit que c'est impossible pour lui, trop de douleurs neurologiques...De plus, nous habitons à la campagne, de tels clubs existent à 45 min en voiture de chez nous, voiture qu'il ne possède toujours pas....

Bien à vous !

 

 

iheropad

iheropad

22 juin 2023 22:09

Aidant en dépression  

Le massage https://sweettouch.fr/info/tantra-massage peut être une méthode efficace pour lutter contre la dépression. En effet, les massages ont des effets bénéfiques sur le corps et l'esprit. Ils peuvent aider à réduire le stress et l'anxiété, deux facteurs qui peuvent contribuer à la dépression. Les massages peuvent également aider à améliorer la qualité du sommeil, ce qui est important pour les personnes souffrant de dépression. De plus, les massages peuvent stimuler la production d'endorphines, des hormones qui procurent une sensation de bien-être et de bonheur.

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