isaflo

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15 mai 2025 11:03

Comment ne pas sombrer en étant aidant ?  

Bonjour,

Après plusieurs hésitations, je me décide à revenir sur le site ne sachant plus très bien comment et que faire !

Je me suis dit à plusieurs reprises, débrouille toi par toi même, d'autres personnes vivent des situations plus compliquées mais là, je sens que je suis au bout du rouleau, fatigue qui me gagne, plus psychologique que physique !

Résumé de ma situation familaile car pour la 1ère fois, je suis venue ici, voici maintenant 8 ans suite AVC de mon papa, je m'en suis occupée avec ma maman pendant 3 ans et demi du 1er mars 2017 jusqu'à son décès juin 2020. A la suite, plusieurs examens, dernier en date, journée en service gériartrie en Octobre 2024, ont permis de mettre un nom sur ses maux "dépression sévère", pas fait le deuil de son mari et pas du tout enclin à le faire un jour.

J'ai eu d'excellents conseils, retours entre autres du docteur CHARRET et j'espère que pour ce message, il en sera de même

Je me suis arrêtée de travailler en 2018, après rupture CDI, j'ai eu pas mal de soucis avec France Travail, car pas salarié de mes parents, je ne l'ai jamais voulu, n'ont pas compris ma démarche, maintenant que j'ai 61 ans, ils vont peut être me laisser tranquille, mais là c'est une parenthèse.

J'avais remarqué des changements d'attitude, voire d'humeur de la part de maman, épisodiquement, comme je les appelle ce sont des phases de 3, 5 jours, mais là depuis plus de 6 mois, et tout particulièrement cette semaine, je suis face à "Docteur Jekill & mister Hyde", pardon, mais c'est franchement cela.

Hier, en l'espace d'une matinée, au réveil, tout allait très bien, puis à mon retour de courses, vers 11h, elle est descendue, extrêmement fatiguée, la toilette, etc la fatigue beaucoup, elle a toujours des douleurs, dos, parties intimes, brûlures (le médecin dit que c'est la dépression), je ne pouvais rien lui dire, elle ne fait pas attention aux recommandations que je peux lui faire, comme je dis "crise adolescence", elle ne répond rien, continue dans sa lancée..

Ce matin, encore, je lui ai dit de faire attention et de nouveau, si réponse, c'est du style "je m'en vais", 

Je suis revenue chez elle, voici maintenant 2 mois, car un jour en venant, je viens tous les jours, je l'ai trouvé prostrée sur son fauteuil, je ne sais pas depuis quand, je ne comprenais pas ce qu'elle me disait, etc. j'ai eu très peur et ai décidé de rester.

Par contre, lorsque mon frère vient comme hier, elle a discuté, était "bien", car ce dernier en partant m'a dit "maman va pas trop mal"!!! finalement, c'est moi qui passe pour "le vilain petit canard".

Hier, lorsqu'elle ne voulait pas entendre ce que je lui disais car elle n'en tenait pas compte pour la cuisine, je lui ai dit que j'allais retourner chez moi car elle se débrouillait seule, elle m'a répondu "si tu veux". A une époque, je serai partie, mais là qq chose me retient.

Avant je culpabilisais, mais plus maintenant. Je suis consciente qu'elle a mal, mais çà n'excuse pas tout. Les gens autour de moi disent que la vieillesse est un retour vers l'enfance mais... et encore, je ne raconte pas tous mes "petits soucis". Je garde bcp pour moi sauf ici en ce moment présent.

Voilà, je me rends compte qu'une nouvelle fois, je viens me "plaindre" mais je compte sur votre aide, vos conseils.

Merci

Isabelle

Réponses
1 message de membre 1 message d'expert
Isabelle Charret Médecin gériatre 16 mai 2025 18:26

Comment ne pas sombrer en étant aidant ?  

Bonjour Isaflo,

 

Vous êtes bien fidèle à votre poste d’aidante et nous aussi à Aidons Les Nôtres!

 

Vous ne vous plaignez pas (pour reprendre vos mots), vous venez déposer ce qui vous fatigue et nous sommes là pour l’accueillir. Vous avez bien fait!

 

Il est temps d’accepter que présente ou pas, vous ne pouvez pas « sauver » votre maman. « Sauver » c’est à dire gérer le quotidien à la perfection, lui éviter les douleurs, limiter les fluctuations de son humeur, lui faire écouter vos conseils pour son bien.

Vous ne pouvez pas prendre le temps de l’accepter parce-que vous êtes fatiguée : qui ne le serait pas ? C’est donc un premier pas de venir vers nous !

Oui, vous en faites beaucoup et ce n’est probablement pas ce que votre maman demande.

C’est la raison pour laquelle, ne comprenant pas tout ce que vous mettez en place pour elle, elle vous répond « si tu veux » lorsque vous lui dites que vous allez la laisser. Franchement, c’est une réaction normale et adaptée bien que blessante.

Cela a été compliqué avec votre frère, mais finalement, il trouve que vu ses problèmes de santé « maman ne va pas si mal ». Qu’est ce qui vous empêche de penser que c’est valorisant pour vous même si il ne vous le dira jamais ?

 

Il a du vous être dit : lâchez un peu cette pression que vous vous mettez (vous adhérez à un idéal qui est impossible pour elle) et que vous mettez sur elle.

Venez moins la voir Isabelle, un tout petit peu moins ! Et profitez–en !

 

Deux points importants :

  • Cette crise de prostration vous décrivez avec des propos incompréhensibles mérite d’être explorée médicalement. Vous avez raison d’avoir été inquiète mais ce n’est pas parce que vous êtes restée après avoir eu peur que cela la traite. C’est important.
  • Votre maman est une adulte qui ne fait ni sa crise d’adolescence, ni ne retombe en enfance. Jamais on ne dit cela en gériatrie : voyez en elle l’adulte qu’elle a été. Ses comportements sont dus au vieillissement, à sa pathologie, son histoire. Vous restez sa fille. Voyez comme la normalité des rôles est transformé : c’est pour cela que c’est compliqué.

 

Allez, vous vous êtes posée un instant, allez vous faire un petit plaisir, soyez convaincue que vous en faites beaucoup mais qu’à un moment il faut lâcher du leste.

Le mieux est de le lui dire :

«  j’essaie de faire de mon mieux, mais tu as besoin d’être un peu tranquille, autonome et je comprends. Aussi, je vais passer quelques heures dehors, et peut-être je resterai dormi chez moi ; ça te fera de l’air ! »

 

Et puis, toujours, toujours, prendre quelqu’un quelques heures par semaine : vous soufflerez l’une comme l’autre

 

En soutien, toujours

isaflo

isaflo

16 mai 2025 20:06

Comment ne pas sombrer en étant aidant ?  

bonsoir et merci beaucoup Docteur CHARRET. Vos explications comme toujours sont très bénéfiques et à l'instant T, j'ai l'impression quand même de n'avoir pas agi correctement et ne pas avoir assez de patience..

Je vais donc suivre vos bons conseils et même si j'ai du mal à "prendre des distances", je vais m'efforcer de faire ce qui est bon pour maman et pour moi par la même occasion,

merci de nouveau à vous

Isabelle

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