Nadidiou

15 novembre 2025 23:07

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Bonjour, je ne sais pas pas si je suis au bon endroit, je ne suis pas aidante, mais cela me semble se rapprocher de ce que je traverse.

Je rencontre des difficultés face à la dépression de ma mère. Elle est dépressive depuis toujours, mais cela à extrêmement empiré depuis son divorce.

Elle à aujourd'hui 70 ans, n'avait jamais vécu seule avant le divorce, n'avais jamais eu de suivi non plus. Elle ne sait pas vivre pour elle donc ne s'alimente plus, refuse les suivis, et se laisse juste mourir.

Elle a accepté d'aller dans une maison de repos une première fois, mais dès qu'elle est rentré chez elle a arrêté tout suivi, arrête les antidépresseurs seule, ou décide d'en prendre un jour sur deux. Elle y est à nouveau en clinique depuis maintenant 3 semaine, mais ça ne fait que s'empirer malgré la prise en charge. Elle refuse toujours de manger, les soignant doivent la nourrir à la petite cuillère.

Moi je vis loin (10h de voiture), et ma relation avec elle à toujours été compliquée. Je ne veux pas prendre une charge qui ne m'appartient pas, mais le sentiment d'impuissance est tout autant présent. Et je lutte aussi pour ne pas sombrer avec elle. J'ai du mal à me dire qu'elle peu encore s'en sortir, j'ai peur qu'elle finisse par mourir, et j'ai surtout peur que ce schéma se répète indéfiniment. 

J'ai peu de nouvelle, elle ne répond plus à grand monde. C'est aussi un avantage par rapport à une période où elle m'appelait tous les jours et me faisait ressentir toute sa souffrance. Mais le fait de ne pas savoir exactement dans quel état elle est et comment elle évolue m'encourage aussi à imaginer le pire.

Je crois que je ne sais pas vraiment quelle place prendre, j'hésitais à demander un contact via la psychiatre de la clinique pour avoir des nouvelle fiable. D'un côté j'aimerais pouvoir l'aider, et de l'autre je me suis battue toute mon enfance pour ne pas me retrouver dans ce rôle et je sais que je n'ai pas à porter tout ça. Mais maintenant c'est comme si je n'avais plus vraiment le choix. Je jongle constamment entre trouver quelque chose qui puisse l'aider, lui montrer mon soutient, et trouver la distance suffisante pour me protéger.

Je ne vois pas d'issue à cette situation, tout ça ne m'aide pas trop à sortir de ma propre dépression (j'ai de mon côté un suivi psychologique).

Je n'ai pas vraiment de question, je ne sais pas trop si vous aurez des conseils à me donner ou pas, ou si quelqu'un d'autre à vécu quelque chose de similaire.

J’espère que ça n'était pas trop long et confus, en tout cas merci pour cette espace de discussions, et pour vos potentielles réponses.


Réponses
5 messages de membres 2 messages d'experts
Germain00

Germain00

18 novembre 2025 10:44

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Salut,
c’est hyper lourd de voir quelqu’un qu’on aime dans cet état et de se sentir impuissant·e. Tu fais déjà bien de te protéger et de garder ta distance, ça ne fait pas de toi quelqu’un de “mauvais”, au contraire. Demander un contact via la psychiatre pour avoir des nouvelles fiables me semble une bonne idée, ça te permet de rester informé·e sans te mettre en danger émotionnellement. Continue ton suivi psychologique et prends soin de toi, c’est vraiment important dans ce genre de situation.


Isabelle Charret Médecin gériatre 18 novembre 2025 11:29

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Bonjour Nadidiou,

Votre témoignage est un appel bien qu’aucune question précise ne soit posée. Et plusieurs points interpellent.

Pour commencer, malgré votre « propre dépression », vous avez une analyse très pertinente de la situation, ce qui est rare pour des personnes dans votre cas. Vous êtes dans une « impuissance » car la situation ne vous appartient pas (« je sais que je n’ai pas à porter tout ça »), et en même temps vous essayer tout ce qui est humainement possible de faire « je jongle pour trouver quelque-chose qui puisse l’aider » tout en vous protégeant. Il est tentant de dire que vous avez tout compris : cela n’empêche pas la tristesse et le désarroi.

Pour aller dans votre sens, votre maman souffre d’une vraie maladie psychiatrique sévère, depuis une très longue période. La dépression est grave et demande une prise en charge très précise : on dirait « ciselée » maintenant. Cela s’est bien passé en clinique la première fois, mais lorsque ces malades se retrouvent seuls, la vie est trop lourde à porter d’où un besoin de suivi rapproché ce qui est souvent compliqué.

En pratique :

Premier conseil :

A ce stade, comme dans toutes les pathologies sévères, le « cas » de votre maman appartient aux spécialistes. C’est à eux de trouver le mode thérapeutique le plus adapté et, vu son âge, de tout tenter :

Les perfusions d’antidépresseurs

Les chocs électromagnétiques

Le bon antidépresseur à la bonne dose

Il faut aussi s’assurer que la dépression dont souffre votre maman n’entre pas dans le cadre d’une maladie bipolaire à pôle prédominant dépressif, auquel cas ce sont plutôt des thymo régulateurs qui sont efficaces.

Parallèlement, le soutien de l’équipe soignante, la psychomotricité peuvent aider de façon concomitante.

Se nourrir à la petite cuillère est mieux que rien : un peu de protéines et une bonne hydratation.

Deuxième conseil :

Vous devez, comme vous l’avez pensé, être en lien étroit avec le psychiatre et les soignants pour des nouvelles précises. Ils doivent être informés de votre trajectoire de vie par rapport à votre maman et d’une certaine façon, vous accompagner également.

Troisième conseil :

Vous vous trouvez dans la même situation qu’un médecin qui ne réussit pas à sauver quelqu’un de quoique ce soit : cancer, drogue etc C’est très difficile à vivre. Vous êtes sa fille et les enjeux ne sont pas les mêmes. Cela s’appelle laisser tomber l’illusion que l’on peut sauver le monde !

Ces quelques conseils pour vous aider à prendre soin de vous,

En soutien,


Nadidiou

18 novembre 2025 13:24

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Bonjour, merci pour votre soutient et vos réponses. C'est déjà un soulagement de pouvoir échanger.

J'ai eu quelques autres nouvelles, elle a 1h de perfusion par jour, à priori c'est juste pour l'aider à se nourrir. Et le personnel semble dire que cela s’améliore tout doucement.

Qu'est-ce qu'une prise en charge ciselée? Je sais que sa sœur est bipolaire, et est persuadée que ma mère l'est aussi, j'ai donc déjà pensé à cette possibilité, mais je n'ai pas de souvenir de moments d’euphorie la concernant. Je n’avais jamais entendu parler de bipolarité à pôle prédominant dépressif.

Je vais effectivement demander un contact avec sa psychiatre pour de meilleures nouvelles.

Encore merci à vous et bonne journée.


Isabelle Charret Médecin gériatre 18 novembre 2025 17:39

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Bonjour Nadidiou,

C'est plutôt une bonne nouvelle, si tant est qu'on puisse en juger de loin et sans connaître le malade!Votre maman est jeune!

Les médecins sont entrain de l'aider à franchir un cap grâce à la perfusion. Cela arrive. Par exemple, on peut décider de poser une sonde d'alimentation à quelqu'un qui ne peut s'alimenter mais qui a des chances de s'améliorer.

"Ciselé" est le contraire de brut. Cela s'emploie pour la taille de pierres, de bijoux et pour le style d'écriture. Cela demande de la finesse, des corrections, de l'attention, c'est donc plus délicat à faire. Pour les traitements c'est pareil: certaines maladies sont faciles à traiter, d'autres requièrent de la réflexion, des réajustements.

Oui, urgent de faire part au psychiatre des antécédents familiaux: cela pet vraiment changer la donne. Il n'y a pas que des états maniaques, agités, délirants. Chez un malade dépressif quasi continuellement, les phases de comportement "normales" sont aussi considérées comme un pôle opposé .

Oui, la psychose maniaco dépressive ( quelle horreur ce nom!), dite maladie bi polaire se présente sous de nombreuses formes appelés Types. Vous pouvez lire sur Bipolarité France, ou Unafam bipolarité. Mais ce n'est qu'une piste, une suggestion sans être le médecin de votre maman, mais corroborées par les antécédents.

Merci de votre réponse et interaction,

 


Nadidiou

18 novembre 2025 21:40

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Oui même si ça prend du temps c'est une bonne nouvelle qu'elle évolue dans le bon sens. Pourvu qu'elle continue un suivi même une fois sortie. Mais une chose à la fois! Merci pour ces précisions, je ferais effectivement part à la psychiatre de la possibilité d'une bipolarité histoire de n'écarter aucune pistes.

Bonne soirée à vous


Phil954

Phil954

2 décembre 2025 2:23

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Bonjour. J'aime beaucoup votre site. Il ne peut que rendre service à autrui.
Je vous contacte par ce que moi-même j'ai créé un site que je vous invite à visiter. Fait pour aider les autres, il concerne l'art, la science, la spiritualité. Photos et diaporamas de fleurs et de couchers de soleil. Textes de grands sages et d'éminents scientifiques. Si vous pensez qu'il peut être utile à vos adhérents, pouvez-vous leur transmettre l'adresse :

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Plus de 50 langues possibles
Merci beaucoup.
Artho Bart 😍 


alain

18 décembre 2025 20:54

Trouver sa place autour de la dépression d'un proche  

Bonjour Nadidiou

Vôtre situation me touche.

Je pense, pour expérience vécue par rapport à une de mes connaissances, il est important que vôtre mère sache que vous êtes là, que vous l'aimez, et ce quel que soit la situation actuelle; je veux dire la relation que vous avez avec votre mère par rapport à la maladie quelle qu'elle soit. Cela pourrait aider.

C'est quelques paroles n'engage que moi, et j'espère qu'elle pourra vous apporter un peu de réconfort. 

Alain.


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