Covid-19 : quelles conséquences psychologiques pour nos proches âgés ?

Covid-19 : quelles conséquences psychologiques pour nos proches âgés ?

Les personnes âgées placées en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont payé un tribut particulièrement lourd face au Covid-19, affectant indirectement le moral de leurs proches, aidants ou non.

Les conséquences directes du confinement

Confinées dans leur chambre, sans contact avec les autres résidents, ne recevant plus la visite de leurs proches, les personnes âgées se sont retrouvées isolées pendant de longues semaines. Dans certains Ehpad, le problème s’est compliqué par un manque de personnel parfois augmenté lorsque celui-ci a été lui-même atteint par le nouveau coronavirus.

De plus, pour ceux dont l’état de santé s’est aggravé, leur transfert à l’hôpital s’est souvent avéré impossible.

Le besoin de stimulations et de contacts

Au XIIIème siècle, Fréderic II de Hohenstaufen, à la tête du puissant Saint Empire Romain Germanique, se posa la question de savoir quel était le langage originel de l’homme, si c’était le grec, le latin, l’hébreu… Pour ce faire, il prit quelques enfants et donna comme consigne à leurs nourrices de les laver, de les nourrir, mais de ne pas communiquer avec eux. Le résultat fut que ces enfants, privés de communication et d’affection, moururent tous.

Plus récemment le psychanalyste René Spitz montra dans les années 1940 comment les privations de contacts sociaux chez le nourrisson entraînaient une forme de dépression avec repli sur soi et, si la situation perdurait, un retard de développement.

Dans les années 1960, le psychologue Harry Harlow étudia de manière expérimentale l’effet de la privation de contacts affectifs, expérience qui provoqua l’indignation des défenseurs des animaux, sur des singes rhésus séparés précocement de leur mère : ceux-ci manifestèrent des comportements autistiques, une absence d’interactions sociales, une perte d’intérêt ; ces symptômes étant moins importants lorsque la séparation se faisait plus tardivement.

Enfin, le psychiatre-psychanalyste John Bowlby développera plus tard l’idée que les premiers liens affectifs déterminent différents modes d’attachement, qui vont influencer eux-mêmes notre capacité à bien vivre les séparations.

Ces observations ainsi que d’autres études, trouvant une corrélation entre la qualité et la quantité des liens et l’espérance de vie, nous montrent l’importance des contacts sociaux et affectifs, particulièrement chez les sujets fragiles.

La souffrance des proches et des aidants

Le confinement s’est effectué dans un contexte anxiogène qui a eu pour effet d’ajouter un sentiment d’insécurité au stress dû à l’isolement.

Alors que le déconfinement se met en place progressivement et que la situation s’apaise, c’est là que l’on commence à observer une augmentation des manifestations d’angoisse ou de dépression chez les personnes vulnérables. En effet, c’est lorsque la pression diminue que l’on s’autorise à faire un retour sur soi. Aussi voit-on une augmentation notable des consultations chez les psychologues ces derniers temps.

L’angoisse peut entraîner des réactions extrêmes : c’est ainsi que j’ai reçu il y a peu une personne d’un certain âge ayant entendu parler des « brigades sanitaires », paniquée à l’idée qu’elle pourrait se faire contrôler par les forces de l’ordre. Elle pensait ne pas pouvoir alors cacher son angoisse, et au vu du traitement anti-dépresseur qu’elle prenait, elle était convaincue qu’elle serait placée de manière autoritaire en institution.

Par ailleurs, lorsque l’on a un proche placé dans un Ehpad, dans l’impossibilité de le voir, parfois sans nouvelles de lui, on se sent dans l’inquiétude et l’impuissance. Parfois, il peut se développer un sentiment de culpabilité, sentiment irrationnel car se sentir coupable suppose que l’on ait la possibilité de faire quelque chose ! Tout se passe comme s’il fallait trouver un coupable pour retrouver du sens : soi-même, au travers de la culpabilité, ou l’autre, l’institution, parfois à juste titre, mais pas toujours.

Et puis, il y a ceux qui ont eu à déplorer le décès d’un proche et qui ont été dans l’impossibilité d’assister à son enterrement : difficile alors de faire son deuil, il reste un sentiment d’inaccompli ; la frustration s’ajoutant à la culpabilité.

On ne peut alors que conseiller de ne pas rester seul face à sa douleur et de consulter, pour mieux gérer son angoisse ou son chagrin et de pouvoir de nouveau se retrouver en paix avec soi-même. Ce qui ne veut pas dire oublier.

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thierry

31 janvier 2024 16:14

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