L’anémie chez la personne âgée

L’anémie chez la personne âgée

Fréquente et trop souvent négligée, l’anémie est une pathologie caractérisée par la baisse du taux d’hémoglobine constituant l’essentiel des globules rouges dont le rôle principal est le transport d’oxygène dans tous les tissus du corps humain. Quel est le risque chez la personne âgée ? Quels sont les signaux d’alerte et les traitements possibles ? Explications.

Qu’est-ce que l’anémie ?

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), on parle d’anémie si le taux d’hémoglobine est inférieur à 13 g/dl pour l’homme et inférieur à 12 g/dl pour la femme.

Comment reconnaître une anémie chez son proche âgé ?

Chez la personne âgée de plus de 65 ans, l’anémie est estimée à 11 % chez l’homme et 10,2 % chez la femme. Au-delà de 85 ans, sa prévalence dépasse 20 %. Le fonctionnement de tous les organes peut en être affecté mais les signes cliniques, au premier rang desquels la fatigue, sont trop souvent rapportés au vieillissement.

Pendant longtemps, l’organisme va s’habituer à cet état clinique jusqu’à ce que des signes inquiétants se manifestent. Attention, danger !

Exemple : Mme D., 86 ans, s’endort dans la journée, a de plus en plus de mal à se déplacer, est essoufflée, est désorientée et perd ses mots. On dit d’elle qu’elle vieillit… Au bout de quelques semaines, une prise de sang va révéler une anémie. Un traitement va lui redonner force, vitalité et mémoire !

Signes cliniques en lien avec la diminution de l’oxygénation des tissus :

  • Etat général : la fatigabilité jusqu’à l’épuisement, le manque d’appétit…
  • Cœur/poumons : les difficultés à respirer, l’essoufflement à l’effort voire au repos, les palpitations, la baisse de tension artérielle, les douleurs cardiaques…
  • Cerveau : les étourdissements, les vertiges, les troubles de la mémoire, le manque de concentration…
  • L’humeur : la dépression, le manque de motivation…
  • Les muscles : les chutes et leurs conséquences…
  • La peau, le blanc des yeux : la pâleur, les extrémités froides…

L’impact de ces signes sur la qualité de vie va de soi, mais il est facile d’en comprendre les complications ainsi que l’aggravation possible d’un état clinique préexistant. L’anémie est un facteur de mauvais pronostic fonctionnel et vital. Elle augmente le risque de mortalité.

Exemple : M. C., 76 ans, est essoufflé lors de ses déplacements et a des douleurs dans la poitrine alors qu’il est bien soigné pour ses problèmes d’artères coronaires. Une prise de sang objectivera une anémie qui a aggravé sa maladie cardiaque. Tout redevient normal avec un traitement qui normalise son taux d’hémoglobine.

Quelles sont les causes d’anémie chez la personne âgée ?

Les carences par manque d’apport ou par perte, les inflammations, les insuffisances de production.

Pour synthétiser des globules rouges, il faut de la moelle osseuse productive dans laquelle les cellules se forment, des vitamines pour les aider à croître, de l’érythropoïétine (la fameuse EPO des « sportifs dopés »), et du fer, élément de l’hémoglobine.

Pertes :

  • En fer : la principale cause est le saignement digestif très souvent non visible. Polype, hernie hiatale avec inflammation de l’œsophage, gastrite, mais surtout cancers. Certains médicaments font saigner comme les anticoagulants mal contrôlés, les anti-inflammatoires
  • Apports insuffisants : régime alimentaire peu varié par manque de moyens pour acheter ou d’attirance vers certains aliments, défauts de mastication, troubles de la déglutition, addictions sévères avec anorexie. Par ailleurs, l’estomac d’une personne âgée absorbe moins bien les nutriments.
  • Le fer : trouvé dans la viande rouge, le foie, les produits de la mer, les lentilles, les épinards…
  • La vitamine B12 et la vitamine B9 (acide folique). On trouve ces vitamines dans la viande rouge, les légumes verts.

Lors des états d’intoxication alcoolique chronique, dans lesquels le foie utilise les vitamines du groupe B pour absorber l’alcool, une anémie sévère apparaît.

Les inflammations :

  • Maladies inflammatoires chroniques articulaires, digestives, cancers.

Les insuffisances de production :

  • L’insuffisance rénale entraîne toujours une anémie par diminution de la synthèse de l’EPO endogène.
  • La moelle vieillit comme tout organe.
  • Les chimiothérapies des cancers causent des anémies sévères mais elles sont systématiquement surveillées.

Quels sont les traitements en cas d’anémie ?

C’est tout d’abord la suppression de la cause qui est recommandée (ex. lésion qui saigne, dentiste, portage des repas équilibrés…) lorsque c’est possible.

L’administration de fer, de vitamines B9/B12, de l’EPO ainsi que le recours à la transfusion de « culot » de globules rouges en milieu médicalisé sont des gestes thérapeutiques couramment décidés et effectués.

Comme la prise en charge de tout état pathologique, la correction d’une anémie est un facteur de prévention de la survenue de certains états cliniques interférant avec la qualité du vieillissement (troubles cognitifs, repli sur soi par épuisement, chutes entre autres exemples).

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