Personne âgée à domicile et morphine : les missions de l’aidant familial

Personne âgée à domicile et morphine : les missions de l’aidant familial

Maîtriser les douleurs est un enjeu prioritaire de bienveillance pour tout soignant. Or, plus de 50 % des personnes âgées à domicile ont mal et, en vue d’améliorer leur qualité de vie, des opioïdes forts (dont la morphine) leur sont de plus en plus souvent prescrits, a fortiori quand les douleurs insuffisamment contrôlées deviennent sévères. Grâce à la morphine, quasiment la moitié des personnes âgées voient leurs douleurs diminuer au moins de moitié.

Envisager la morphine et convaincre le proche

Le médecin traitant songera à la morphine lorsqu’une douleur, même modérée, altère depuis peu la qualité de vie (sociale, morale,…) du proche âgé, quel que soit le pronostic de ses maladies sous-jacentes et alors que les éventuels médicaments antalgiques pris jusque-là deviennent insuffisants.

Le grand âge n’interdit pas en soi l’usage de la morphine mais impose des précautions et une surveillance régulière.
Mais, d’abord, il convient d’éclairer le proche âgé souffrant pour le convaincre. Or il peut être déjà résigné (« c’est normal de souffrir un peu à mon âge ») ou pourrait être tenté de s’y opposer (« je ne suis pas en fin de vie », « je ne veux pas devenir dépendant à la morphine », « je ne veux pas de piqûre tous les jours », « il paraît que çà peut empêcher de respirer »,…).

L’aidant familial, s’il l’estime possible, peut déjà éclairer le proche âgé sur des points très concrets : « Tes douleurs seront vraisemblablement atténuées de manière significative, seront beaucoup moins fréquentes et ta qualité de vie, notamment ton moral moyen, ton faible appétit et ton sommeil haché, sera donc améliorée », « Les médecins débutent souvent la morphine par la bouche (gélules, gouttes,…) voire, parfois, en pastilles posées sur la peau tous les trois jours. Réservées à préparer un soin particulièrement douloureux, les piqûres journalières sont donc loin d’être systématiques », « C’est ton médecin traitant qui jugera des doses très progressives et les plus basses possibles pour éviter les inconvénients et surtout contrôler tes douleurs, selon l’évaluation régulière que tu en feras avec lui: il réévaluera tes doses qui seront personnalisées selon des protocoles qu’il connaît bien, qui ont fait quasiment disparaître les accidents dûs à cette substance, dont l’insuffisance respiratoire», « Tu décideras avec lui comment éventuellement l’arrêter car la dépendance à la morphine est minime chez les personnes âgées ».

Prévenu d’éventuelles réticences qui persistent, le médecin traitant donnera son éclairage et répondra aux questions du proche qui disposera de quelques jours pour donner son accord.

Que surveiller ensuite ?

Le proche âgé, l’aidant familial et le médecin traitant, aidés d’une évaluation régulière de la douleur, surveilleront l’efficacité du traitement : la douleur, autrefois continue, est minimisée et ne persistent que quelques éventuels pics modérés, les possibles effets secondaires sont également minimisés, le proche communique convenablement et sa qualité de vie s’améliore.

Ils devront aussi être attentifs aux possibles effets secondaires, soit apparaissant soit disparaissant correctement après adaptation du traitement. D’abord la constipation : le médecin ajustera alors la dose de laxatifs prescrits dès le début et tant que la morphine sera prise ; il pourra aussi conseiller des boissons abondantes afin d’alourdir les selles, des fruits et légumes, du pain au son,…

Egalement les nausées (diminuant en une semaine pour s’estomper progressivement, parfois aidées en cela par un médicament adapté), une sédation (fatigue, difficulté à se concentrer, troubles de l’équilibre voire chutes), une sécheresse de bouche (tant que la morphine sera prise), une gêne à uriner, une confusion ou des hallucinations (même pour des doses minimes de morphine).

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