Personne dépendante et moments délicats des soins de toilette : et si on voyait les choses autrement ?
Nurse holding hands with elderly patient.

Personne dépendante et moments délicats des soins de toilette : et si on voyait les choses autrement ?

Le moment des soins de toilette chez une personne dépendante est fréquemment redouté tant par les proches aidants que par les professionnels. Pourtant en voyant les choses autrement, et avec quelques astuces, il est tout à fait possible de rendre ce moment plus agréable pour l’aidant comme pour l’aidé.

La toilette est un moment particulièrement délicat dans la vie de l’aidant comme de l’aidé. Effectivement, on constate que ce moment est déclencheur de troubles du comportement : opposition, cris, réactivité au soin, agressivité verbale et physique.

Lorsque cela ne se passe pas bien voire mal, il en résulte un ressenti immédiat pénible pour l’aidant et l’aidé. À distance et des deux côtés, une crainte s’installe qui peut se transformer en peur, jusqu’à un blocage entraînant un refus de soin et une non dispensation de ce soin de toilette.

Il est primordial, lors de ce moment, de favoriser une interaction au sein d’une condition humaine commune, plutôt que l’exécution d’une tâche de nettoyage et de propreté. La toilette devrait pouvoir être considérée sous un angle différent, comme faisant partie de l’accompagnement en globalité de la personne. Elle doit être respectueuse, offrir un espace de bien-être, doit sécuriser, valoriser, favorise un moment de communication, peut prévenir certaines dégradations cutanées, mobilise l’amplitude des articulations et des muscles, permet de réhabiliter dans certaines capacités simples.

Voici quelques astuces (à ne pas faire forcément tous les jours) en se rappelant que chaque malade a ses particularités et en tenant compte de son rythme :

  • L’humour, la dérision et les souvenirs amusants : ils doivent s’inviter autant que possible et vont dédramatiser des situations. Il fait bon rire ensemble !
  • Se rappeler que c’est, pour la majorité, une effraction dans la pudeur. Cela réveille des peurs, des fantasmes, des interdits…
  • Instaurer un rituel : préparer ce moment avec les mêmes mots et le même déroulement des actions. Le rituel rassure la personne. Avec une chanson par exemple ou un poème ancien à réciter, ou un souvenir agréable (lieu d’enfance, métier exercé). Une autre astuce : une goutte d’huile essentielle de lavande sur les poignets : cela sentira bon et agira comme un signal d’un bon moment à passer ensemble.
  • Des mots-clés pour faire comprendre pourquoi on passe ce moment avec la personne : «Je vais t’aider à te sentir confortable » ou « Je vais t’aider à te préparer à une visite, un moment de repos, un repas, etc.», abandonner les mots qui peuvent fâcher ou angoisser.
  • Rassurer sur la peur de tomber, sur l’angoisse de se sentir prisonnier d’une pièce fermée : « Je suis là pour t’/vous aider », « ce n’est pas fait pour te/vous contrarier ».
  • Donner un rôle à la personne : « J’ai besoin d’un coup de main », « Aide/aidez-moi à t’/vous asseoir », « Heureusement que tu/vous es/êtes là ».
  • Connaître les pathologies et leurs troubles afin d’ajuster les demandes de participation aux capacités de la personne.
  • Toujours penser à une douleur qui peut s’exacerber lors d’une manipulation, à la survenue de crampes, une installation inconfortable. Dans ce cas, faire prendre un médicament antalgique ou marquer une pause.
  • Faire du lieu même où s’effectue la toilette, un « espace-abri » rassurant : chaleur, lumière…
  • Enlever les miroirs du mur ou les recouvrir avec une photo d’un paysage aimé : se voir sans se reconnaître est parfois terrifiant et certaines personnes vont jusqu’à penser qu’il y a d’autres personnes dans la pièce.
  • Après un déshabillage progressif, le cocooning  est de plus en plus recommandé : chauffer des serviettes qui vont être appliquées sur le corps de la personne et lui prodiguer un sentiment de sécurité. Si la toilette se fait au lit, il convient de border la personne avec ces serviettes et de découvrir les parties du corps à laver progressivement, puis les recouvrir. Les pressions d’un gant de toilette chaud sont ressenties de façon agréable.
  • La diversion : faire tenir un objet de toilette (gant, savon) ou occuper la personne à se laver les mains pendant que le reste est lavé permet de se focaliser sur autre chose, de même qu’écouter la radio, tenir un petit oreiller, un tissu doux.
  • La détente : bain de pieds dans une bassine d’eau tiède parfumée est détendant. Il existe des préparations à base d’huiles essentielles très efficaces.

Le déroulement d’une toilette

  • Toujours commencer par les extrémités puis aller vers le centre du corps et finir par les parties intimes .
  • La conscience du corps : nommer les endroits du corps que l’on lave.

Une base lavante type savon très doux bien hydratant est recommandée et des pressions sur la peau sont préférables aux frottements (risque de de démangeaisons et d’excoriations cutanées). Le séchage se veut doux.

L’application d’une serviette humide chaude sur le cuir chevelu et sur les joues avant le lavage rassure. De même, masser doucement les mains en les lavant procure une sensation agréable.

  • La franchise et la gratitude : «  Ouf ! Nous avons fini ! C’était dur aujourd’hui ! ça ira mieux demain ».
  • Se ressourcer : après tout soin même court, se poser au monde ne serait-ce qu’un instant, prendre une inspiration profonde et souffler. Toujours se valoriser d’être présent auprès de son proche.

Dans le cas des situations de change et de toilette en urgence, il convient d’aller vite et d’exprimer qu’on n’a pas le choix. On se trouve en effet dans une situation de solidarité avec l’autre : «  Je peux comprendre que ce ne soit pas agréable, mais je ne peux pas te/vous laisser ainsi : tout va aller vite, ne crains/ne craignez rien ».

Le moment de la toilette, dans cet espace de rencontre, en confiance peut sembler utopique au vu de beaucoup de situations vécues, mais cela vaut vraiment la peine d’essayer. Le résultat positif qui s’ensuivra fera non seulement gagner du temps, mais débouchera à coup sûr vers une dédramatisation et un épanouissement de cet instant de partage pour le bien du malade et de son proche aidant.

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