Yoda

19 août 2025 14:00

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Bonjour,

Ne sachant pas dans quel thème et sous-thème classer la situation, en voici une à laquelle ma compagne tente de faire face.

Elle vit chez elle, et héberge son père âgé de 87 ans.

Ce dernier a fait un AVC il y a 19 ans. Il a également contracté un cancer de la prostate non curable, et une insuffisance cardiaque. Il est incontinent.

Des infirmiers(ères) viennent matin et soir pour les médicaments, soins et toilette.

Aujourd'hui, ma compagne est en convalescence d'une lourde opération du dos, ce qui l'handicape fortement et l'empêche d'effectuer les tâches quotidiennes. Je l'aide de mon mieux, mais l'état de santé de son père évolue dans le mauvais sens.

Il se montre agressif envers elle lorsqu'elle lui donne la moindre consigne. La situation du foyer impose une rigueur évidente, mais son père dit clairement n'en avoir rien à faire. Il veut qu'on le laisse tranquille, et reste hagard de longs moment sur le canapé à regarder dans le vide, refusant toute sollicitation ou toute proposition (un film à la télé par exemple, chose qui lui plaisait il y a encore 2 semaines).

L'infirmier qui vient quotidiennement ne peut maintenant plus lui faire sa toilette, prétendant que ce dernier est gay, et préfère que ce soit sa collègue féminine qui le fasse... Alors qu'auparavant il le tolérait même si cela ne l'enchantait pas.

Il est évident que son père refuse sa propre propreté, préférant uriner dans ses protections plutôt que de se lever pour aller aux toilettes.

Il répond un non systématique à tout ordre ou consigne et fait comme bon lui semble, et refuse d'aller aux toilettes, utilisant consciemment sa protection à la place. Etant sous antibiotiques actuellement pour 2 semaines pour guérir une infection urinaire, ma compagne craint les diarrhées même s'il prend des ultras-levures.

En bref, la situation semble bloquée, nous tournons en rond. Les pathologies multiples de son père impactent directement la santé mentale de ma compagne qui est à bout...

Ses 2 derniers séjours à l’hôpital (car il n'arrivait plus à se relever), se sont soldés par un traitement d'antibiotiques, à chaque fois pour l'infection urinaire. Son impossibilité à se relever reste mystérieuse: après son séjour à l’hôpital, il pouvait de nouveau se lever.

Bien évidement il refuse l'EHPAD. Lorsqu'elle lui en parle il s'énerve et devient insultant envers sa fille, qui pourtant fait tout ce qu'elle peut pour que tout se passe bien à la maison. Rien n'y fait. Il semble prendre sa fille pour la bonne à tout faire, et trouve certainement la maison très agréable, mais sans aucun effort de sa part.

Il ne mange que soupe, pâtes et oeufs sur le plat, n'aime rien d'autre.

Il est encore propriétaire de son appartement. Il affirme vouloir y habiter, alors qu'il n'y a plus de meubles ni électroménager, et qu'il serait incapable de faire chauffer un mug d'eau au micro-ondes. Insalubrité garantie, il n'est plus du tout apte à se gérer, et (pardon pour la poésie) finira dans ses excréments.

L'idéal serait que son médecin généraliste, un médecin psychiatre, ma compagne et son père se retrouvent dans un bureau pour un diagnostique, car les médecins assisteraient à ses crises de colère. Il peut obtempérer ponctuellement aux injonctions médicales, mais s'y refusera quand il l'aura décidé. Les conséquences sur son état de santé impacteront alors directement ma compagne qui a toujours été contrainte de faire face. Mais aujourd'hui la situation empire, et son dos est très fragile.

Un placement d'office en EHPAD de son père serait souhaitable et semble être la seule solution.

Ma compagne est dos au mur, sans solution. Piégée par son père, alors qu'elle voulait l'aider, mais ne le peut plus.

 

Merci de vos réponses.

Réponses
2 messages de membres 4 messages d'experts
Marie-Hélène Isern-Réal Avocate 20 août 2025 10:05

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Bonjour Yoda,
Bien entendu, il y a une solution à la situation que vous décrivez. 

Il s’agit d’une décision médicale qui doit certifier que le maintien à domicile est impossible et qu’il y a lieu d’un transfert en établissement. 
La solution la plus simple consiste en une nouvelle hospitalisation et ouvrir un dossier avec les services sociaux pour faire établir un certificat d’un médecin inscrit sur la liste du procureur de la République en vue d’une requête au juge des tutelles pour demander une habilitation familiale. 
Ce même certificat confirmera l’impossibilité d’un retour à domicile et la nécessité d’un hébergement en relation avec les médecins traitants. 
Votre amie peut aussi se faire accompagner par le dispositif d’appui et de coordination du département DAC. 
Pris en charge par des professionnels, son père  ira mieux. 
Actuellement, il est dans l’incapacité de consentir pour son propre intérêt et votre compagne doit passer la main aux professionnels. 
Le médecin traitant et l’infirmier peuvent la soutenir. 

Yoda

20 août 2025 11:09

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Bonjour Maître,

Merci infiniment de votre réponse bien réconfortante, que je transmets immédiatement à ma compagne.

En regrettant en arriver à cette extrémité, si la situation ne s'améliore pas.

 

Merci encore !

Isabelle Charret Médecin gériatre 20 août 2025 13:27

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Bonjour Yoda,

 

Il est utile de remettre en ordre , de façon objective, les problèmes que vous évoquez :

Le père de votre amie est âgé, affecté de deux pathologies sévères :

Une grave insuffisance cardiaque et un cancer de prostate opéré. Sans même connaître le malade, il est aisé d’imaginer l’incontinence et surtout une diurèse (quantité d’urines) importante. Incontinence sur intervention ou âge, diurèse sur la prise de diurétiques.

Dans son cas, les protections s’imposent et qu’il aille aux toilettes ou pas, les fuites se produiront. On peut établir un calendrier mictionnel à savoir aller aux toilettes toutes les deux heures, mais au vu de la situation, on ne peut que laisser tomber cette piste contraignante.

On peut aussi imaginer que l’utilisation de la protection est privilégiée par les malades, par lassitude et non pas comme solution plaisante. Lors des infections urinaires, des envies constantes obligent à aller aux toilettes pour rien …

 

Il est, dites vous souvent le regard fixe, comme désinvesti : l’insuffisance cardiaque est épuisante et empêche le cerveau à avoir accès à une bonne oxygénation. Est elle correctement prise en charge ?

 

Le père de votre amie a des comportements désagréables :

Il est réactif, dans l’opposition à tout : attitude classique de ceux chez qui la maladie et ses lourds désagréments prennent le pouvoir sur une vie agréable. Le stade suivant c’est le laisser aller.

Quand à l’infirmier homme, il est fréquent que certaines personnes ne veulent pas se faire laver par « n’importe qui ». Là encore, cela révèle un dysfonctionnement comportemental.

Les infections, la gêne qu’elles procurent, l’insuffisance cardiaque donnent des troubles du comportement.

 

Le père de votre amie ne peut se gérer seul car il y a perte d’autonomie :

Âgé, surtout malade il devient dépendant des autres. Le plier était sa fille avant son intervention dorsale et maintenant tout change. La fatigue est des deux côtés et du vôtre qui aider avec bienveillance.

 

En relisant votre témoignage, la question d’hygiène est récurrente, mais il transparait que c’est bien la question médicale, psychologique et de la dépendance qui est au centre.

 

Cette analyse rejoint totalement l’analyse de Maître Isern Réal :

Le milieu médicalisé s’impose une fois de plus pour le bien de ce Monsieur et des ses aidants proches (votre amie a besoin d’un moment consacré à sa rééducation).

Une preuve s’il en était besoin, c’est qu’il peut se redresser à la sortie de l’hôpital ….

Ce Monsieur est saturé de ses problèmes, vous de ce qu’il cause à votre amie , votre amie de ce qu’elle ne sait plus quoi faire.

 

Donc, oui, une hospitalisation car il a besoin de revoir ses traitements, pendant qu’un dossier social sera mis en route. Et puis, un séjour de répit de quelques semaines peut être une excellente solution !

A voir

En soutien

 

 

 

 

 

Isabelle Charret Médecin gériatre 20 août 2025 13:29

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Ce n'est pas, comme vous dites, une "extrémité" que de prendre bon soin d'un malade qui en a besoin!

Ayez confiance et soyez certaines que vous faites au mieux!

Marie-Hélène Isern-Réal Avocate 20 août 2025 13:34

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Je confirme : ce n’est pas une extrémité mais l’obligation filiale et juridique de prendre soin d’une personne vulnérable. 

Yoda

20 août 2025 14:32

Personne âgée colérique et refractaire à l'EHPAD  

Vous avez raison, ma compagne ne voulait pas en arriver là, mais cela semble être inéluctable pour le bien de son père et de sa fille.

Merci encore à toutes pour vos messages et précieux conseils...

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