Dénutrition chez les personnes âgées : savoir repérer et réagir
« Mais pourtant, je mange ! »
« Oui, mais peut-être pas assez… ou pas ce qu’il faut ! »
« À mon âge, on n’a plus les mêmes besoins. Je ne sors presque plus. »
« Justement : tu ne sors plus parce que tu es fatigué, que tu tombes plus souvent, que tu as été malade tout l’hiver… et que tu nages dans tes vêtements ! »
Ce genre de dialogue vous semble familier ? Il pourrait bien révéler une réalité trop souvent ignorée : la dénutrition.
La dénutrition, grande carence en protéines, est loin d’être correctement prévenue, diagnostiquée et prise en charge, évoluant à bas bruit. Elle peut toucher même les plus sportifs et les personnes en surpoids de plus de 65 ans.
Signaux d’alerte et circonstances à ne pas ignorer, trop souvent banalisés
Certains signes sont discrets mais doivent éveiller votre attention :
- Des vêtements trop larges, sans explication apparente : fonte musculaire.
- Des chutes répétées, même à domicile : faiblesse articulaire ou musculaire.
- Un aspect « affaissé », une peau très fripée : signe que la peau ne joue plus son rôle de gaine.
- Des plaies qui cicatrisent mal : le corps manque de collagène, indispensable à la réparation.
- Des infections à répétition : défaut de synthèse des molécules du système immunitaire, déficient.
- Des repas sautés ou grignotés : en cause, une mauvaise dentition, des médicaments, une perte de goût, l’isolement, ou encore une dépression ou des troubles cognitifs.
- Une perte de poids de plus de 5 %, sur quelques semaines ou mois.
- Une fatigue persistante, le sentiment de ne plus avoir de forces.
- Un ralentissement cognitif, des troubles de la mémoire ou de l’attention.
- Des maladies inflammatoires chroniques (cancer, rhumatismes, maladies auto-immunes) : elles puisent dans les réserves en protéines, notamment les muscles.
À savoir : seul un dosage sanguin de l’albumine (protéine produite par le foie) permet de confirmer une dénutrition.
- Valeur normale : 40 g/l
- Valeur < 30 g/l = dénutrition sévère
Idées reçues sur la dénutrition : faisons le tri
Nombre de croyances bien ancrées freinent une bonne prise en charge :
- On maigrit avec l’âge ? Oui, mais on perd surtout du muscle, pas seulement de la graisse.
- Bouger suffit à rester en forme ? Non. L’activité physique ne remplace pas un bon apport protéique.
- L’appétit diminue ? Oui, à cause de l’isolement, de maladies ou de traitements.
- Le goût change ? Oui, il s’émousse avec l’âge, rendant les aliments moins appétissants.
- On aime moins la viande ? Oui, il faut donc varier les sources de protéines.
- Les vitamines suffisent ? Non. Elles sont utiles mais insuffisantes sans protéines.
- Un régime végétarien ou végan est plus sain ? Pas sans une vigilance extrême sur les apports protéiques, surtout chez les seniors.
Comment prévenir la dénutrition ?
Un repas équilibré et varié est votre meilleur allié. Misez sur :
Des apports en protéines réguliers :
- Œufs, poissons, viandes, légumineuses, fruits secs
- Yaourts riches en protéines : Skyr, Hipro, yaourts grecs
Astuce : à agrémenter de fruits ou d’herbes pour varier les plaisirs
Les protéines végétales :
- Lentilles, pois cassés, galettes de sarrasin, pain complet
- Poudres neutres comme Protifar, à intégrer dans les repas ou boissons
Les crèmes et boissons hyperprotéinées du commerce sont parfois mal tolérées ou peu appréciées. Il existe des alternatives plus douces à intégrer au quotidien.
Ce qu’il faut retenir
- Soyez attentif aux signes de dénutrition chez votre proche.
- Faites confirmer le diagnostic par une prise de sang (dosage de l’albumine).
- Recherchez la cause : maladie ? isolement ? médicament ?
- Mettez en place des actions concrètes, sans attendre.
La dénutrition n’est pas une fatalité.
Avec un peu de vigilance et quelques ajustements, il est tout à fait possible de la prévenir et ainsi préserver la vitalité, l’autonomie et la qualité de vie des personnes âgées.
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