Forum

Bonjour Thya,

Vous êtes auxiliaire de vie pour une personne dont la famille n'a pas conscience de son état de dépendance.

La loi prévoit que les services sociaux ont l'obligation de faire un signalement au procureur de la République.

Je vous conseille de saisir votre chef de service, si vous faites partie d'une organisation de service à domicile, qui devra faire le signalement, en lui fournissant un rapport très circonstancié de ce que vous décrivez ainsi que l'échec de vos efforts pour alerter la famille.

Il serait bon d'alerter aussi le médecin traitant si vous le connaissez afin qu'il établisse un certificat.

Si votre chef de service ne réagit pas, vous adresserez votre rapport directement au procureur de la République et ainsi vous aurez fait les démarches nécessaires pour couvrir votre responsabilité.

Vous ne pouvez pas non plus être sanctionnée pour avoir fait un signalement.

Bonjour Thya,

Vous êtes bouleversée et révoltée par la situation humainement indigne que vit cette dame totalement dépendante, abandonnée : elle a toujours le statut précieux d’être humain sans en bénéficier du traitement obligé : la fragilité nous oblige. La main tendue devient un devoir éthique, moral.

Si cette introduction vous est faite c’est pour vous offrir des mots que vous pourrez utiliser lors d’une éventuelle démarche. Mais avant, plusieurs points :

Vous savez, il y a certains mode de fonctionnement inter personnes qui sont tout simplement incompréhensibles et ce, depuis longtemps. Comment ont ils fonctionné par le passé ? N’ont ils pas toujours été servis par la bonne volonté, la bonne âme qui faisait tout ? Quelle a été la relation avec leur épouse, leur mère ? Cela n’excuse en rien la situation actuelle, mais nécessite d’être documenté.

Il est des situations réelles mais inimaginables telles celle, vécue, d’une femme décédée seule alors qu’elle avait une famille : les soignants ont du aller au supermarché du coin car elle n’avait même pas une chemise de nuit correcte pour être mise dans son cercueil…

Il s’agirait d’abord de réveiller les proches par rapport à cette indifférence que vous décrivez frisant l’inconscience.

Tant que vous vous occupez de tout, pourquoi les autres s’en préoccuperaient ils ? Il est sage que vous preniez conscience que vous ne pouvez pas tout porter et tout le temps.

Mais quelques questions se posent :

A quel titre et comment intervenez vous chez ces personnes ? (Association de soins ? Contrat ? Horaires ? Avez vous un(e) référent(e) ? Avez-vous des jours de repos ? ) : il est illégal de travailler 24/24h)

Comment la dame dont vous vous occupez se nourrit elle ?

Qui la couche ?

Qui la lève le matin ?

Comment se maintient elle en vie ?

Ne prend elle aucun médicament ?

Pourquoi ne pas organiser vos passages afin qu’elle soit propre le matin, le midi et avant le coucher.

Pourquoi ne pas signifier à cette famille que vous allez devoir vous absenter ?

Pourquoi ne pas leur faire un écrit (courrier) leur signalant ce que vous observez ainsi que votre anxiété sur l’état de leur proche ? (cela laissera une trace : faites en une copie et envoyez en recommandé)

Mais surtout: partagez cette tâche avec les autres intervenants

Il semble indispensable que vous acceptiez que vous ne pouvez pas faire se comporter cette famille tel que la raison le souhaiterait.

Posez vous et faites le point sur ce qui vient de vous être dit avant d’intervenir selon les modalités que vous a indiquées Maître Isern Real.

La non assistance à personne en danger ne peut être invoquée tant que la dame vit avec son époux qui a l’obligation de s’en occuper (mariage) et que vous lui aurez signalé les dysfonctionnements.

Tenez nous informés

Bien à vous

Thya,

Je reviens vers vous puisque vous précisez que vous êtes salariée en direct. 
Je confirme ce que je vous ai déjà expliqué : vous pouvez faire un signalement par lettre au procureur de la République après avoir adressé une lettre d’avertissement sérieuse au mari, comme le préconise le Dr Charret. 

Mais comme vous n’avez pas de structure pour vous aider, il sera sans doute plus facile pour vous d’alerter les services sociaux, comme le CLIC ou le CCAS de la ville que vous trouverez à la mairie. Ils feront une visite et un rapport et saisiront le procureur après avoir pris contact avec la famille. 

Bonjour Thya,

La situation se précise grâce à vos indications.

Il apparaît que vous êtes dans un processus de SAUVEGARDE :

Sauvegarde pour la dame dont vous vous occupez car elle a maintenant besoin de soins réguliers (hygiène -changes-, alimentation/hydratation, présence).

Sauvegarde pour vous-même qui ne pouvez plus tout assumer ainsi.

Sauvegarde pour la famille qui « se sauve » comme vous l’écrivez car ils ne veulent pas ou ne peuvent pas voir ce qui se passe.

Le processus que vous déclenchez va être un bienfait pour vous tous.

Vous écrivez encore que vous avez un rôle de gouvernante, dévouée et bonne à tout prendre en charge. La maladie de cette dame va encore évoluer puisqu’elle souffre d’une maladie neuro évolutive dégénérative. Il est sage de réagir maintenant.

Sa situation devient une situation urgente : or, par définition, l’urgence ne dure pas (en dehors des cas extrêmes de camps de réfugiés, séisme ou autres situations de ce genre) : elle finit par se résoudre.

En l’état, tant que vous palliez à tout, cela tient jusqu’à un point ultime de rupture fatale.

Donc, vous ne prenez aucun congé ? Personne d’autre que vous n’intervient au domicile de cette famille ?

Entretenez vous avec l’époux de cette dame en mettant en avant :

L’aggravation actuelle et à venir

Les besoins fondamentaux de cette malade (cf. plus haut)

Le besoin de sauvegarde de tous : le mari, les enfants (qui se protègent par l’indifférence), vous-même (Donc, vous ne prenez aucun congé ? Personne d’autre que vous n’intervient au domicile de cette famille ?)

Donnez lui la possibilité de contacter un service social (il ne sait peut-être pas), comme vous le recommande Maître Isern Real.

Ecrivez cela.

Vous êtes dans le bon chemin

Avec notre soutien

Re Bonjour Thya,

Il était important de relire tous nos échanges puisqu'ils ont été nourris depuis hier.

Un point capital que vous avez l'humilité d'exprimer est: "je ne suis pas formé, je n'ai pas les épaules assez solides pour une telle prise en charge" .

Mais surtout qui peut accepter une telle exploitation même pour une bonne cause de solidarité humaine ?

Vous avez touché au but de votre mission qui devient déraisonnable et cette dame est arrivée au bout du maintien à domicile sauf si celui ci est dûment structuré ( ceci étant, on ne changera pas es protections toutes les heures en EHPAD).

A vous de voir ce qui est possible de faire pour le mieux de tous