Mr D

1 janvier 2024 16:23

Ssiad ou infirmier liberal?  

Bonjour à tous et avant tout bonne année.

 

Je suis à la recherche de témoignages ou conseils concernant les soins de mon père en hospitalisation à domicile, 94 ans et peu autonome actuellement. 

On a des infirmiers libéraux depuis 3 ans qui viennent deux fois par jour faire la toilette etc. et exceptionellement des actes médicaux. 

Or depuis une perte graduelle d'autonomie de mon pere ceux-ci réchignent de plus en plus a faire les tâches et nous en sommes au point que je dois me charger de 75% du travail des infirmiers qui ne viennent plus que pour la toilette et changer une couche l'apres midi... Je m'occupe de pratiquement tous les transferts pour que les infirmiers s'économisent, mais ce n'est pas mon métier et je commence à être trop fatigué de tout cela, ca affecte désormais trop lourdement mon quotidien. Pas question de parler du lève-malade, les infirmiers disent qu'ils n'en veulent pas (ca prend de la place, c'est compliqué...)

Nous avons pensé dernièrement à faire appel à un SSIAD qui semble faire mieux l'affaire... 

J'accueille avec joie tous types de commentaires, éléments de réponse, opinions, témoignages...

Merci d'avance et merci de votre attention. 

Réponses
3 messages de membres 3 messages d'experts
Isabelle Charret Médecin gériatre 3 janvier 2024 18:17

Ssiad ou infirmier liberal?  

Bonjour,

 

Il est surprenant que le service d’Hospitalisation à Domicile (HAD) ne soit pas en collaboration avec un SSIAD.

En effet les soins requis médicaux et para médicaux (charge en soins) sont en étroite concertation.

 

Les intervenants du SSIAD sont orchestrés (même en dehors de l’HAD) par un(e) coordinateur (trice), ce qui permet des évaluations, un suivi et une concertation dans la faisabilité des soins à apporter au malade. L’IDE est indépendant(e) même s’il y a appartenance à un cabinet. Ils sont souvent libéraux, indépendants et laissés à leurs compétences qui sont souvent très bonnes, mais exercées seules.

 

Ce que vous décrivez pose la question des limites du soin exercé à domicile, donc à 99% seul et jamais en doublon. Or, il est évident que la charge de travail, tant en quantité qu’en lourdeur ne peut plus être exercée ainsi. Les risques professionnels sont dûment évalués, à juste titre pour les prises en soins les plus complexes : lésions musculaires, lésions articulaires, douleurs diverses et invalidantes. Vous dites que vous devez aider mais que ce n’est pas votre travail, et vous avez raison ; vous avez des IDE qui semblent ne plus pouvoir assumer une charge lourde : peur de se faire mal ? Mauvaise formation ? Manque de temps ? A explorer. Mais SSIAD ou pas vous serez confronté aux mêmes soucis.

 

Que faire alors ?

  • Revoir la charge en soins (même effectuer un change peut se révéler complexe si le malade est rétracté, opposant etc) et évaluer si l’accompagnement est possible.
  • Revoir les aides :
    • un lève-malade est une option hospitalière, complexe, encombrante, très angoissante pour le malade suspendu souvent de façon inconfortable, donc on oublie.
    • Un ergothérapeute ou les IDE peuvent vous conseiller : draps de transfert ou de glisse, barrières de soutien, potences, plateaux tournant et bien d’autres choses.
    • Revoir la qualité absorbante des changes voire poser un Pénilex pour réduire les changes.
  • Revoir ce qui peut être allégé : la toilette quotidienne totale n’est pas obligatoire, la bouche peut bénéficier d’un lavage au doigt avec un antiseptique dilué ou du bicarbonate…
  • Revoir avec vous comment et quand vous pouvez être inclus dans certains gestes de soin, facile pour un aidant : lavage des mains, repas …

 

Vous avez totalement raison de vous poser ces questions. C’est essentiel de faire ce qu’on appelle un Plan de soins afin de décider de l’avenir de la prise en charge de votre papa. Mais vous devez le faire en concertation sans oublier que tout n’est pas possible. En étant pessimiste, si un IDE ou vous-même vous cassez le dos sur un soin complexe, votre papa sera la première victime de ce dommage collatéral.

 

Bien à vous

Mr D

4 janvier 2024 12:27

Ssiad ou infirmier liberal?  

Bonjour et merci beaucoup de votre réponse

 

J'ai commis toutefois une erreur en parlant d'HAD (difficile de s'y retrouver avec tous ces sigles, mes excuses). Mon pere n'est donc pas en HAD, il est à domicile mais simplement pris en charge par des IDE depuis 2019 suite à une fracture du col du fémur. Cela modifierait-il votre analyse?

Apres concertation avec les infirmiers de mon père, ils disent penser le lever "lorsque ce sera faisable", l'un d'eux affirme qu'il ne le fera plus, l'un le fera tout le temps, un autre le fera selon si ce n'est pas trop fatiguant. Nous disposons à domicile d'une potence, d'un lit médicalisé, d'une chaise percée et d'une douche PMR.

Nous sommes un peu perplexes par rapport au peu de ce que nous savons du SSIAD

Cordialement

Isabelle Charret Médecin gériatre 4 janvier 2024 18:41

Ssiad ou infirmier liberal?  

Bonsoir,

 

Merci de vos précisions. La situation est en effet différente d’une HAD.

Dans les deux cas, un plan de soins est indispensable.

 

Qui coordonne les soins ? Le médecin traitant ? Le chirurgien après consultation ?

Un plan de soins est un guide indispensable pour tout projet de vie. Car vie rime avec projet même si elle devient minuscule et fragile. L’exemple que vous citez est parlant : le lever. L’un veut, l’autre pas mais la question fondamentale à poser après évaluation est : «  Doit-on le lever ? Faut-il le lever, Quel est la balance bénéfice/risque à le lever ? Est-ce tout simplement faisable dans des conditions acceptables pour le soignant et le malade ? De quelles aides dispose t’on ? » ; si on doit, s’il le faut, si le bénéfice est positif il faut se donner les moyens de le faire. Et il n’y a que les professionnels, en lien avec le malade, ses proches qui peuvent décider, et ESSAYER.

 

Un SSIAD est souvent plus structuré. Pourquoi ne pas aller les rencontrer ?

 

L’ergothérapeute est un acteur indispensable également (voir réponse précédente).

 

Enfin, un aspect important est la bonne volonté, l’écoute des soignants et leur bientraitance. Votre papa et vous-même êtes vous attachés à certains d’entre eux ?

 

Il est cependant clair que si tout allait bien, vous ne nous auriez pas contactés…Quelque-chose bloque certainement.

S’agit-il des personnes ? S’agit-il du devenir de votre papa ?

 

En médecine du grand âge, on s’attache à trouver des pis allers qui deviennent projets, pas forcément ce qu’on imaginait mais dans le respect d’une dignité et qualité de vie pour le malade. Certains malades sont ravis de ne pas être levés, installés comme des coqs en pâte dans des coussins gais et confortables (tant que la prévention des lésions de décubitus est faite : matelas à air anti escarres indispensable !).

 

Ne vous sentez pas prisonnier d’une structure :  bouger les lignes fait du bien parfois !

Bon courage

Mr D

4 janvier 2024 20:59

Ssiad ou infirmier liberal?  

Bonsoir, 

 

Concernant la question du lever, cette dernière est à la portée du cabinet libéral en charge depuis le retour à domicile de notre père. À ce stade, la problématique semble tangible mais douteuse sur les parties sécurité/bénéfices/risques au lever du patient et semble plus portée sur les contraintes du soignant et ses associés… Dans notre cas les soins des IDE ne dépasse jamais le quart d’heure (Nous réalisons le lever au préalable depuis 6 mois), l’infirmier en chef ayant une importante charge de patients (environ 35) au sein de son cabinet avec différents facteurs extérieurs (circulation, etc…) qui affecte la réalisation de ses soins… 

 

Pour ce qui est des aides matérielles elles sont présentes : En plus de celles déja évoquées, vie en pavillon plein-pied, fauteuil médicalisé avec ceinture de sécurité, stationnement prévu pour le soignant, mais aussi  la présence permanente d’un ou des membres de la famille à domicile (courses/ordonnances, gestion/administrations des médicaments, repas+compléments alimentaires, divertissements+stimulations+promenades, mobilisation partielle et coucher de notre père le soir à un horaire convenable et digne réalisé par nos soins, mon père ne recevant qu’un changement de sa couche au 2ème passage en début d'après-midi… le tout étant fait quotidiennement depuis le début). 

 

En tout objectivité, notre père, du fait de son âge, n’est pas attaché de manière fondée et avérée à ses soignants du fait de sa vision et de son audition faibles, il est par contre attaché à un rite de soins (lever, toilette, soins secondaires, habillage, etc…). Pour notre part, un lien se forme forcément après 4 ans de quotidien partagé avec de jeunes IDEL mais la bonne santé de notre père prime sur les aspects relationnels, sa santé n’étant plus assurée comme au départ avec des conditions de réalisation de soins déjà évoquées et qui se sont réduites au fil du temps… 

Notre papa aime son rythme de vie stable et digne, dans lequel il est partiellement mobile du fait de ses déplacements en déambulateur ce qui lui permet de vivre ses repas quotidiens entouré de sa famille qui le rassure.

 

Merci sincèrement de vos conseils avisés, de la réactivité et de l’intérêt que vous démontrez dans vos réponses très constructives, nous tenons compte de votre avis pour la consultation d’un SSIAD. 

Isabelle Charret Médecin gériatre 5 janvier 2024 15:33

Ssiad ou infirmier liberal?  

Bonjour,

 

Il n’est pas intentionnel que l’analyse d’une situation la fasse se cristalliser et la rendre bloquée ou dégradée, cependant il est tentant de la commenter :

Eh! Bien pourrait-on dire que des professionnels choyés se sentent de moins en moins travailleurs du soin?

C’est à se le demander…Et c’est, hélas, très, trop fréquent…

On peut être débordé mais aménager sérieusement ce qu’on peut faire. Un exemple est de répartir la charge de travail sur différents jours.

 

On pourrait dire métaphoriquement, que vous et les vôtres nettoyez tous les jours le jardin de votre père et que les intervenants rechignent à en cueillir les plus belles fleurs ? Et c’est la seule chose qu’on leur demande !

Franchement, revoyez les besoins incontournables de votre père ainsi que les vôtres (Eh ! oui, dans une situation de dépendance la relation est tripartite : soignants -incluant le médecin-, malade, proches- ; on y rajoute parfois l’environnement comme acteur important).

Etablissez une liste horodatée puisque que votre père aime ses rituels.

Exigez sans être psychorigide, ce qui doit être fait.

 

En prenant contact avec le SSIAD, faites part de votre situation qui se résume à : «  On fait le maximum pour le bien être des soignants mais la réciproque n’est pas vraie ou du moins très partielle ; on ne demande pourtant pas l’impossible. Nous avons besoin d’une aide planifiée, structurée, réévaluée ».

 

Il est bon de changer, vous allez trouver !

En tous cas, chapeau bas ! Il en a de la chance de vous avoir votre père !

Mr D

7 janvier 2024 14:35

Ssiad ou infirmier liberal?  

Madame,

 

Je vous remercie très chaudement pour le temps consacré a nous apporter de pertinents éléments de réponse, nous y voyons déjà plus clair pour avancer sereinement. 

 

Tres cordialement

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