Les proches aidants… indispensables ?
Cape Town, South Africa, elderly people in retirement home

Les proches aidants… indispensables ?

Avec le droit au répit – promulgué par la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement -, nous voyons et entendons circuler une nouvelle expression pour désigner les aidants : « les proches aidants indispensables ». Une expression difficilement entendable pour l’Association Française des Aidants. Pour quelles raisons ?

Une distinction à faire entre « indispensable » et « irremplaçable »

Le terme « indispensable » désigne ce dont on ne peut se dispenser et qui est obligatoire. Or, il convient de distinguer ce qui est « irremplaçable » de ce qui est « indispensable ». Ce qu’il se joue dans la relation entre deux personnes, et qui plus est entre deux proches liés par l’amour, par des histoires de vie commune, parfois liés par le sang, est unique et à ce titre irremplaçable !

L’aide et les soins apportés à une personne âgée en situation de perte d’autonomie sont bien eux indispensables, mais ils n’ont pas vocation à être assurés de façon automatique ou systématique par les proches. Des professionnels, dont c’est le métier et la compétence, peuvent les assurer, voire même parfois des aides techniques. Pourtant les proches aidants assurent souvent des gestes qui ne relèvent pas d’un rôle d’aidant. Beaucoup ne l’ont pas choisi et le font faute de choix, au prix parfois d’une santé dégradée, d’une relation bafouée et d’une assignation à résidence d’aider., d’une relation bafouée et d’une assignation à résidence d’aider son proche.

Être aidant, un rôle parfois lourd à porter

Être désigné proche aidant indispensable est tout sauf une sinécure ! Symboliquement, cela vient interdire le choix, le droit de dire non, stop ou pause. Comment être dans un équilibre, un recul, une juste place quand on est désigné « indispensable » ?

Ne s’agit-il pas plutôt d’être reconnu dans son rôle d’aidant et, de ce fait, de définir un statut d’aidant ? De signifier la valeur de l’aide apportée, tout en affirmant le droit à la conciliation de cette aide avec la santé, la vie de famille, sociale, professionnelle ou autre ?

Se vivre comme indispensable

Être désigné indispensable par le proche accompagné, par l’entourage, par les professionnels ou la société est une chose. Se vivre comme étant indispensable en est une autre ! Là aussi, la vigilance est de mise. Le sentiment d’être indispensable côtoie rapidement celui d’être omniscient et tout puissant. Il laisse, à tort, penser que l’on sait pour l’autre, que l’on peut parler ou faire pour lui, au risque de ne plus lui laisser de place et d’asphyxier la relation. Indispensable ne signifie pas désirable !

Les mots ont leur importance. Or le qualificatif « indispensable », lorsqu’il s’applique aux proches aidants, fait plus souvent office de chape de plomb !

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